En France, une personne sur trois saute un repas par contrainte financière. Par ailleurs, de plus en plus d’agriculteurs vivent sous le seuil de pauvreté. Ils sont aujourd’hui 18% à vivre sous le seuil de pauvreté (près du double de la moyenne nationale) et leur revenu a chuté de… 40% en 30 ans (source : Ministère de l’Agriculture).
Des chiffres qui donnent le vertige et dont on ne mesure pas l’extrême brutalité, à l’image de notre société capitaliste néo-libérale. Au delà des burn-out, des consommations excessives d’anti-dépresseurs, des divorces, de l’isolement de nos paysan·es sur leurs fermes… il y a plus d’un·e agriculteur·rice (1,5) qui se suicide chaque jour en France… (lire la source).
Chaque année, les aléas météo rendent le métier de plus en plus périlleux. Avec le dérèglement climatique, une année sans crise majeure devient l’exception. Que ce soit la pluie, le gel, la grêle, les incendies, la flambée des prix, les nouveaux accords de libre-échange internationaux… nos agriculteurs n’ont plus aucun répit, et leur précarité augmente d’année en année.
Cette année 2024, particulièrement pluvieuse, a fait fondre les rendements agricoles dans les Yvelines jusqu’à 50% pour certaines fermes bio (en savoir plus). Sans compter les surcoûts liés à une qualité moindre (céréales humides déclassées, fruits et légumes « moches » ou qui se conservent mal…)
Et pourtant, et pourtant… Il y en a qui arrivent à se goinfrer. L’industrie agro-alimentaire et les distributeurs, en tête desquels les grandes surfaces alimentaires.
L’inflation dans l’alimentaire a été de 12,5% en 2023 en France.
Cette hausse est due pour… moitié (55%) à l’accroissement des marges* de l’industrie agro-alimentaire et la grande distribution. La hausse des coûts de l’énergie et des matières premières, qu’on pensait être la première cause de l’inflation, n’arrive qu’en deuxième position (36%) et la masse salariale loin derrière avec un misérable 9%… L’inflation alimentaire aurait donc pu être réduite de moitié si elle n’avait pas servi de passe-passe pour faire s’envoler les bénéfices des crapules du grand capitalisme.
* La marge est la part du prix de vente HT que l’entreprise garde pour elle afin de payer ses charges internes : salaires, loyer, énergie etc. et… ses actionnaires.
Aujourd’hui, les marges dégagées par ces industries sont passées de 28% en 2022 à 48% en 2023. A titre informatif, à La COOP, nous faisons un peu moins de 30% de marge. Certains magasins bio en Ile-de-France font pas loin de 40%.
Dossier complet à retrouver dans l’article « Comment les profits alimentent l’inflation » du magazine Alternatives Économiques d’Octobre 2023.
Cette situation n’a rien d’absolu. Elle est le résultat du laissez-faire et des politiques économiques et sociales menées ces dernières décennies pour les lobbys et nos gouvernements successifs.
A titre individuel, nous le répétons chaque jour : il est tout aussi important de choisir le bon produit (bio, local, équitable, agriculture paysanne, produit peu transformé etc.) que le bon distributeur (choisir de préférence les commerces de proximité qui font vivre nos quartiers, en évitant les grandes surfaces autant que possible, selon les moyens et les possibilités de chacun·e).